Né en 1941, Marcel Maillet vit à Douvaine depuis une trentaine d'années. Actuellement en retraite, il a durant sa carrière enseigné les lettres classiques aux collège et lycée Saint François de Ville-la-Grand.
Il vient à l'écriture au début des années 90 et se consacre à la poésie.
Primé plusieurs fois dans divers concours ( prix Mirabelle à Nancy , Poésiades de Bayonne, concours de recueils du CEPAL à Thionville) il a reçu en 2012 le « Prix Jean Cocteau » attribué par la Société des Poètes Français. Actif au sein du CPR, il est également membre de la Société des Poètes Français.
PUBLICATIONS :
- Retable. Ed. S. Brault de Bournonville (1998).
- Heures. Ed. S. Brault de Bournonville (2000).
- Les colombes vivent dans les temples. Ed. S. Brault de Bournonville (2000).
- Et toujours à ravauder l'azur. Ed. Danielle (2002).
- Avouer la rivière et l'oiseau. Ed. Danielle (2005).
- Célébration autoédition (2013)
- Dans la pulpe du feu autoédition (2015)
- Entrer dans la lumière des estuaires Ed. les poètes français ( 2017)
- Colporteur de l’invisible Edilivre (2019)
Participation à des ouvrages collectifs
- Passerelles Impr. Plancher SA (2006)
- Poésies végétales Ed. Le Tour ( 2010 )
- Sculptures et Poésies sur le chemin idéal de Léo Gantelet (2015)
- Souffleurs de vers CD collectif du CPR ( 2010)
- Poésiades 2010, 2011, 2012 , 2013, 2015, 2016 Ed. Train de nuit
Contributions à des revues : Florilège, Train de nuit, L’Agora.
Mon ami chablaisien Marcel Maillet m'a envoyé son dernier recueil, Marcher dans le Soleil, et j'ai toujours aimé sa poésie. Avec Christian Bobin, il est le plus grand poète vivant que je connaisse. Mais ce recueil de surcroît est particulièrement excellent, je l'aime spécifiquement, plus que tous les autres.
Marcel y a acquis une maîtrise, une souplesse, une liberté qu'on ne lui connaissait pas – il était réputé un peu raide. Dans ces nouveaux vers, il s'adonne notamment aux répétitions, aux effets de refrain, au lyrisme, d'une manière déliée et pure, belle, pleine de souffle et de fraîcheur.
Cependant il reste dans ses thèmes habituels: la nature végétale, minérale ou animale environnante, surtout les oiseaux, dans la mesure où elle peut témoigner d'une présence, d'un pressentiment de l'Invisible – mais d'un pressentiment qui s'enfonce presque toujours dans des questions sans réponse, voire dans des aveux d'ignorance et d'impotence, face au Grand Mystère.
Les interrogations, souvent totales, contiennent néanmoins des éléments de réponse: Marcel ne demande pas seulement ce qui, dans l'Invisible pressenti, peut bien exister – mais s'il y a un dieu, ou des centauresses criant d'amour, ou des anges, et lorsqu'il s'agit de Jésus-Christ, un timide conditionnel n'empêche pas la réponse d'être cette fois affirmative: il attend au bout du chemin, dira le Poète. Il ne peut quand même pas aller jusqu'à douter de Lui!
Il est du reste certain, aussi, que les oiseaux sont des messagers de l'Éternité, même s'il ne saisit pas leurs messages, et que le mauve qu'on distingue à la cime de certains arbres à la tombée du jour est une bannière de l'autre monde. C'est particulièrement beau, souvent. C'est plein d'une forme de divination exacte.
Mais Maillet n'en veut pas moins rester modeste, et même si ses interrogations totales semblent laisser la possibilité de nier, elles n'en permettent pas moins l'énoncé sacré, en ce qu'elles créent les images, les métaphores, les comparaisons donnant à distinguer le dieu multiforme des choses. À cet égard, il rappelle Gérard de Nerval et le Romantisme à la française, qui utilisait la rhétorique pour suggérer sans l'affirmer le monde divin. Car vivre le mystère, c'est certainement distinguer en son sein des formes énigmatiques, qui ne s'en laissent pas moins cerner, et peuvent être représentées; mais c'est aussi l'exprimer tel qu'il parvient à la conscience, avec son flou, ses tremblements, ses doutes – ses peurs, même.
Justement, le doute s'exprime émotionnellement par la peur – comme chez Lovecraft. Il faut prendre garde à ce qu'il ne devienne pas une simple posture intellectuelle – une manière d'échapper aux reproches éventuels des clercs agnostiques. Vivre poétiquement le doute, c'est susciter des monstres. Il n'est pas vrai qu'il soit agréable de douter, même si certains moralistes le conseillent.
Mais l'important est la beauté des figures de Marcel, leur élan propre, leur feu mystique intime, qui emmène souvent l'âme loin au fond des cercles solaires – en compagnie, donc, de Jésus-Christ, ou de quelque montagne baignée de clarté! La lecture de son livre est un vrai plaisir.
Marcel Maillet
Marcher dans le Soleil
Edilivre, 2020
90 pages
10 €.